top of page

Culture x 8th Shuff' / 14-10-2017


Jeune producteur de Grenoble, il a sorti un album de 13 titres le 5 juillet dernier et produit certains rappeurs d'où il est originaire.

8th Shuff' s'est confié sur ses choix artistiques, ses inspirations ainsi que sur ses productions.

Entretien.

Culture - Décris-toi en quelques mots en tant qu'artiste.

8th Shuff' - Alors, je me fais appelé 8th Shuff', qui est la traduction de "8° mesure" en anglais, qui est donc une référence à la 8° mesure d'une boucle musicale, la dernière en l’occurrence.

Je me considère comme "beat-maker" et j'essaie de produire un peu à droite à gauche et de sortir des projets solos.

Quand j'entends produire, c'est par exemple produire quelques rappeurs de Grenoble, les enregistrer, essayer de faire leurs albums, leurs instrumentales.

Culture- Définis ton univers musical en 3 mots et explique les.

8th Shuff' - Premièrement je dirais "sombre"...puis "innovant" et "éclectique".

Par "sombre" j'entends essayer de me transcrire dans un univers musical assez sombre dans les sonorités ou les ambiances que j'essaie d'installer dans mes sons.

Par "innovant", essayer de toujours chercher la nouveauté, les effets qui peuvent bien "matcher" sur certains instruments pouvant apporter de la nouveauté.

Par exemple une nouvelle batterie, une nouvelle structure musicale en général, essayer d'innover en fonction des styles.

Enfin par "éclectique", j’entends que je pense être assez polyvalent, pouvoir faire de tout que ce soit de la trap bien sombre à une instrumentale rap, pop assez tranquille ou même à un son électro voire orchestro-pop.

Culture - Quel a été ton objectif quand tu as sorti ton album et dans quelle optique l'as-tu sorti ?

8th Shuff' - L'objectif de cet album était avant tout d'avoir le sentiment d'avoir créer quelque chose, d'avoir laissé une trace musicale derrière moi.

Et je l'ai sorti dans l'optique de pouvoir faire découvrir mon travail à un maximum de personnes et que ça puisse m’ouvrir certaines portes ainsi que de pouvoir me développer à l'avenir car ce fut un développement dans mes connaissances ayant pu rencontrer pas mal de gens mais aussi un développement personnel car j'ai appris beaucoup grâce à l'album.

Culture - Est-ce que cela a finalement été bénéfique pour toi ? Qu'est-ce que cela t'a apporté (expérience/contacts) ?

8th Shuff' - Oui, je pense qu'il m'a été assez bénéfique même si je n'ai pas eu énormément d'écoutes mais après il fallait que je m'y attende parce que je n'ai pas vraiment bossé la promotion et que je suis nouveau, que personne me connaissait avant donc je ne pouvais rien espérer.

Mais ce que cet album m'a apporté, c'est avant tout beaucoup de connaissances personnelles, j'ai vraiment su ce que c'était de diriger un album de A à Z, des idées, de la structure de l'album des morceaux que je pouvais mettre, de la direction artiste donc.

Et il m'a permis d'avoir pas mal de contacts et ,en toute modestie, une petite notoriété en disant que "ah ba lui, il a quand même sorti un album, c'est bien" et donc ça m'a apporté 2 graphistes, pas mal de contacts à Grenoble et ça a pu aussi m'ouvrir pas mal de portes sur certains rappeurs de Grenoble ou même sur des mecs qui font du montage vidéo par exemple.

8th Shuff' - Fox Goes To The Aim

Culture - Depuis combien de temps écoutes-tu de la musique ? Quel est ton premier ou ton plus marquant souvenirs de rap/musique ?

8th Shuff' - J'ai vraiment commencé à écouter le rap quand j'étais en CM1/CM2 environ.

J'ai découvert le rap avec l'album Mes repères de La Fouine, sorti en 2009, et qui est encore pour moi un super bon album qui était varié, avec une vraie couleur musicale et je me souviens quand j'avais une dizaine d'années que je le saignais à fond, je l'avais eu à mon anniversaire et ça m'avait fait trop plaisir.

Et quand j'ai écouté ça, je savais que la musique ça pouvait vraiment me plaire et que je pouvais vraiment m'y intéresser mais sans l'optique de créer quelque chose.

Culture - Quels sont les artistes qui t'inspirent, te passionnent et pourquoi ?

8th Shuff' - Premièrement OrelSan : c'est vraiment le mec typique qui peut à la fois s'en foutre musicalement, qui peut soit sortir un texte à prendre au second degrés ou alors un texte très introspectif, qui a un sens caché et intéressant à découvrir.

Du coup, je rebondis sur son producteur, Skread, qui peut faire de super bonnes instrumentales, variées et innovantes et qui se rapproche aussi un peu de mon univers.

Et sinon plus internationalement, je dirais Travis Scott parce que du coup il a vraiment un univers musical personnel, une patte musicale, il est vraiment dans un univers qui me correspond beaucoup.

Je dirais aussi Metro Boomin parce que c'est vraiment l'exemple même de la réussite pour tout producteur, c'est le but de n'importe quel producteur de devenir comme lui.

Et je me pencherais aussi sur Drake et son producteur Noah Shebib qui ont vraiment fait quelque chose de propre, ils ont sorti 4 albums ensemble qui sont tous les 4 des super albums surtout dans Views où on sent qu'ils ont poussé leur délire à fond en créant un univers, ils ont vraiment bossé l’album à fond.

Noah Shebib c'est vraiment un génie pour moi, il est au-dessus dans sa création : il tente des trucs, il utilise tout mais différemment des autres et il est très éclectique.

Culture - Alors la question est diffcile mais quel serait ton top 3 albums "all-time"

8th Shuff’ - Alors numéro 3 je dirais Le Chant des sirènes de OrelSan parce que c’est vraiment un album qui a une patte musicale et qui est très éclectique, on y retrouve beaucoup de thèmes, il y a vraiment un progression, une continuité dans l’album avec par exemple un son où il trompe sa copine et le son suivant c’est un son de rupture ou encore un son très dur qui dénonce beaucoup qui s’appelle Suicide Social et qui enchaîne avec Elle viendra quand même, en parlant de la mort .

Il peut aussi bien parler de son quotidien comme des problèmes de la société où il fait une critique ouverte avec Plus rien ne m’étonne ou Raelsan.

Ensuite numéro 2, je dirais Rodeo de Travis Scott parce que c’est vraiment un album futuriste, il est varié, il a un univers hors du commun dans le rap. Dans cet album, Travis Scott il a apporté autre chose au rap américain, on sent qu’il y a eu du super bon taff au niveau du mixage et du mastering, les sons sont différents entre eux mais on retrouve une couleur dans l’album.

Et enfin en numéro 1, je dirais Views de Drake parce que cet album est vraiment parfait de A à Z, on sent vraiment une maturité chez Drake comparé à ses 2 autres albums par exemple dans Keep The Family Close où il tente vraiment quelque chose de différent avec une prod. Complétement orchestrale et puis à côté on retrouve des sons très puissants comme 9 ou Pop Style.

On a des sons novateurs avec un mi du rap et du Rnb avec Fire & Desire ou Faithful.

C’est vraiment un album parfait de la création au mastering, il y a vraiment une couleur identitaire à l’album.

C’est mon préféré « all time ».

Culture - Quels seraient les artistes, rappeurs et producteurs, avec qui tu rêverais de collaborer ?

8th Shuff’ – Comme artiste je choisirais Travis Scott parce que je pense que c’est vraiment un artiste qui peut apporter beaucoup, où la création musicale de A à Z elle doit juste être dingue, il doit vraiment beaucoup apporter à ses producteurs du fait qu’il ait son univers et sa vision des choses et qu’il puisse s’inspirer des choses du quotidien pour les retranscrire dans ses sons donc je pense que ça peut être très intéressant de bosser avec lui.

Puis en producteur, je dirais Metro Boomin parce qu’il a fait décoller la carrière de pas mal de rappeurs comme NAV ou 21 Savage, il peut vraiment être éclectique et je pense que produire avec lui est intéressant dans la production ou dans l’aspect technique, ça peut être hyper enrichissant.

Culture - En tant que producteur, penses-tu que les producteurs sont négligés ?

8th Shuff’ – Avant, je pense qu’on pouvait vraiment dire que les producteurs étaient négligés.

Depuis jusqu’à 2 ans, les producteurs et beatmaker étaient vraiment dans l’ombre et inconnus du grand public, c’était peut-être dû au fait qu’on y faisait pas attention.

Mais je vois que depuis 2 ans, les gens commencent vraiment à s’intéresser plus au producteur, on peut comprendre qu’il peut avoir autant d’importance que l’artiste.

En France on a Hologram Lo’, Eazy Dew, Pyroman qui est en train de percer en ce moment et les gens s’y intéressent beaucoup plus.

Et même du côté du producteur, au niveau de la production, ils essaient d’être beaucoup plus présents, avec Metro Boomin qui essaie d’être présent à chaque concert, chaque clip et même avec ses tag audio qui sont vraiment reconnaissables.

Puis ça arrive que le rappeur mette aussi son producteur en featuring comme Metro Boomin ou Eazy Dew.

Culture - Qu'est ce qui t'inspires au quotidien pour composer ? Quel style préfères-tu composer ?

8th Shuff’ – Ce qui m’inspire au quotidien, ça peut être une idée de mélodie ou d’instrument qui surgit et je pense pouvoir faire quelque chose avec ou alors ça peut être de ce que j’écoute au quotidien, j’essaie vraiment de chercher des nouveautés afin de découvrir d’autres artistes et ce qu’ils peuvent m’apporter.

Dans l’album ça a été une fusion de styles mélangés qui donne vraiment mon identité musicale.

Et le style que je préfère composer, c’est le style qu’on retrouve dans l’album et donc un style qui mélange trap, rap, un peu d’électro, un peu de chill. Des styles comme ça qui peuvent donner un mélange lourd et qui n’est pas assez développé en ce moment.

Et je pense pouvoir m’inscrire dans un style et une identité musicale grâce à ça parce que c’est ce que j’aime vraiment faire et ça peut vraiment bien matcher.

Culture - Quel est l'instrument le plus dur à utiliser dans une instrumentale ?

8th Shuff’ – Pour moi l’instrument le plus dur à utiliser c’est aussi le plus simple : la batterie.

La batterie d’une prod. C’est ce qui apporte puissance et lourdeur à côté des instruments qui servent à apporter l’ambiance, la mélodie, les émotions et à côté la batterie va apporter le rythme.

Un son te marque à la batterie.

Ça peut être très simple à gérer pour de la trap mais si tu veux t’écarter des sentiers battus, tu vas essayer de chercher la nouveauté et tu la cherches souvent dans la batterie, tu vas essayer un nouveau kick, un nouveau snare, une nouvelle composition à partir de la batterie pour vraiment essayer de chercher la puissance à travers cela donc ça apporte beaucoup à la mélodie, c’est un élément indispensable à une prod.

Culture - Combien de temps mets-tu en moyenne pour boucler une instrumentale ? Qu'est ce qui te prends le plus de temps ?

8th Shuff’ – Ce qui me prend le plus de temps ça va être d’installer une ambiance dans le son, histoire qu’il ait une vraie identité donc ça va être dans la recherche des notes, des mélodies, des instruments, de comment je vais pouvoir les mixer. Donc tout ç me prend une grande partie de ma production.

Le temps moyen pour produire une instrumentale va vraiment dépendre de moi : soit j’ai déjà l’idée et les éléments sans chercher la nouveauté et donc le boucler en 4/5/6 h de travail.

Et à côté il y a des morceaux qui peuvent me prendre vraiment beaucoup de temps, qui sont dans la continuité de ce que j’ai essayé de développer dans l’album.

Par exemple, j’ai un son que j’ai commencé mi-juillet et je suis toujours dessus mi-octobre, j’essaie de chercher la nouveauté, d’améliorer chaque petit défaut.

Donc ça peut vraiment varier d’une instrumentale à l’autre : de 4/6 h à une trentaine heures.

Et le mixage me prend 60 % du temps parce que si t’as une belle mélodie avec un bel instrument mais sans le mixage qui va avec, ta prod ne va rien dire, elle ne va pas ressortir.

Et si t’ajoutes du mixage, des effets, la touche parfaite, ça va rendre vivant ton son.

Donc ça me prend bien 60% de ma production.

Culture - Quelle est pour toi la meilleure instrumentale que tu aies entendue (complexité / mixage) ? Ta préférée ?

8th Shuff' - Alors je pense qu'il y a plusieurs sons qui peuvent répondre à cette question.

Déjà un son qui m'a vraiment beaucoup marqué ça peut-être Keep The Family Close (de Drake. ndlr.) qui a installe vraiment une super ambiance, qui donne vraiment un côté rétro des années 60 ou 70 avec tous ces instruments qui sont hyper bien gérés. On rajoute Drake dessus avec une bonne voix chantée et des bonnes paroles, et en plus une prod. qui dure 5-6 minutes et qui progresse, on a des instruments qui rentrent au bon moment comme la batterie et un drop de fin qui est vraiment magique avec l’alliance orchestral et électro avec l'utilisation de samples, c'est vraiment une prod. qui m'a marqué.

Je dirais aussi qu'il y a Faithful (de Drake. nrld.) parce que la mélodie, la création sont juste dingue, le son est doux et léger mais aussi puissant dans le mixage et le mastering.

Il est en 2 parties et la seconde avec le gars (dvsn .ndlr.) qui chante est magique avec l’alliance de la basse et des instruments.

Et enfin, l'une des plus complexes que j'ai pu entendre et qui m'a fait le plus kiffé ça va être Raelsan de OrelSan : c'est une prod. magique, qui est infaisable, on ne peut pas la reproduire, elle a vraiment son truc et une copie serait vraiment dégueulasse parce que le son progresse vraiment, les instruments rentrent vraiment au bon moment, on a une ambiance pesante.

Les paroles sont parfaites, OrelSan plie le truc et l'outro est magique grâce à la batterie justement, qui change ou accélère, qui rajoute des éléments.

Cette prod. est vraiment très complexe, très dur à reproduire et vraiment très lourde.

Culture - Venant de Grenoble, trouves-tu que lascène rap y est assez riche ? Est-ce que venir d'ici te ferme des portes ?

8th Shuff’ – La scène rap à Grenoble est assez riche, on a des rappeurs qui ont bien décollé comme Tortoz ou Mister V qui a sorti un album.

Avant de me lancer dans la musique, je pensais que la scène à Grenoble était un peu vide et au fur et à mesure que j’ai pu rencontrer des gens grâce à l’album, je me rends compte qu’elle est assez riche et que souvent les gens qui font de la musique, ils font du bon travail mais sans faire de bruit, un peu comme moi, sans le montrer et c’est dommage pour eux car ça pourrait rendre la scène grenobloise beaucoup plus riche.

Donc on a des petits rappeurs indépendants qui font du bon taff sans le montrer, on a des « gros » rappeurs comme Tortoz ou Mister V puis au milieu des groupes qui essaient de percer et qui font du bon taff comme le Waza Crew par exemple.

Et venir d'ici ne me ferme pas des portes mais c'est plus difficile que si j'étais sur Paris ou même soyons fous, à Atlanta parce que c'est vraiment la capitale du rap aux États-Unis.

En France on a Paris, où tout le monde vient de Paris maintenant donc ça ne ferme pas de porte mais ça me ralentit, je dois plus taffer, faire des projets avec des gars d'ici, développer une scène ici, ce qui est plus compliqué que si on le faisait sur Paris, qui est une capitale du Hip-hop donc il y a beaucoup plus de contacts et il y a une scène qui est super développée.

Donc ça ne ferme pas de portes mais ça complique un peu.

Culture - Des projets la suite ? Qu'est-ce qu'on peut attendre de toi ?

8th Shuff' - Comme projet pour la suite j'ai un petit EP de 4-5 titres qui devrait sortir d'ici la fin de l’année 2017, qui devrait s'appeler Sativa qui va s'encrer, dans un univers Future Bass ou trap mais vraiment posée, dans la continuité de l’album, avec des sons que je vais essayer de vraiment bosser pour qu'ils soient le plus puissant et le plus complexe possible.

Ensuite sur le long terme, j'aurai un 2° album où je tenterai des collaborations, où je développerai mon style, qui serait un peu une suite un peu plus mature de mon premier album et où j'essaierai de développer le style que j'avais expérimenté dedans.

A côté de ça, j'ai un concert à Grenoble, a l'Engrenage, avec des rappeurs de la scène grenobloise que j'ai justement découvert grâce à l’album, donc il m'a vraiment beaucoup apporté pour ça.

J'ai aussi quelques projets avec les rappeurs de Grenoble, je produits un petit rappeur de Grenoble et il y a un groupe de rap dont je devrais produire l’album; donc j'ai pas mal de projets, ça me fait plaisir.

Et à côté de ça, je fais de la ghost-production pour des clients ce qui me permet de me faire un petit peu d'argent pour développer mes projets.

Culture - Dernière question, le journal s'appelle Culture : pour toi, comment définis-tu la culture musicale qui t'entoure ?

8th Shuff' - Pour moi une culture ça permet vraiment de se forger une identité, d'avoir ses références, et des pouvoir développer son intelligence personnelle et de se développer personnellement aussi.

Dans la culture on comprend beaucoup d’artistes et autres qui peuvent nous aider à nous chercher et à nous trouver vraiment.

Je définirais ma culture musical par innovante ou futuriste dans le sens où les mecs que j'écoute et qui forgent ma culture c'est les mecs qui innovent le plus et dont je peux le plus m’inspirer car ils font vraiment du super bon taff, un taff futuriste qui permet de se forger une très bonne culture musicale.

Liens pour FGTTA : https://fanlink.to/FGTTA


Posts à l'affiche
Posts Récents
Archives
Rechercher par Tags
Pas encore de mots-clés.
Retrouvez-nous
  • Facebook - White Circle
  • Twitter - White Circle
bottom of page